Saison 2019 : mieux qu'en 2017 moins bien qu'en 2018 - Mardi 15 octobre 2019 @CorseMatin

C’est le bilan dressé hier par la présidente de l’agence de tourisme de la Corse. Il se fonde sur la période comprise entre avril et août. Il restera ensuite à évaluer l’arrière-saison qui, d’ores et déjà, donne des signes positifs
D’un côté, une fréquentation conforme à la tendance haussière observée depuis 2015. De l’autre, le mauvais ressenti des socioprofessionnels du secteur. C’est bien là tout le paradoxe de la destination Corse en 2019.
Marie-Antoinette Maupertuis, présidente de l’agence de tourisme de la Corse, Daniel Charavin, directeur général, Marc Simoni, responsable observatoire, Benoît Chaudron, président commission observatoire, directeur de la résidence hôtelière Marina Viva ont dressé hier un premier bilan mitigé de la saison touristique. "Il n’y a pas de scénario catastrophe en vue, loin de là. Nous sommes, en revanche, dans un entre-deux", résume la présidente.
Pour en arriver à ce diagnostic, elle a passé au crible toute une série d’indicateurs, à commencer par le nombre de passagers transportés. "Dans ce laps de temps 5,48 millions de personnes sont entrées et sorties de l’île, soit 1,63 % de moins qu’en 2018 (5,57 millions) qui figure une année exceptionnelle et 1,1 % de plus qu’en 2017, une année marquée par la croissance. Ce qui correspond à 2,7 millions de touristes accueillis et jusqu’à 380 000 les jours de pointe. Le 15 août, la population de l’île fait plus que doubler. Au final, nous avons reçu 90 000 visiteurs de moins qu’en 2018 et 60 000 visiteurs de plus qu’en 2017", détaille-t-elle.
Dans ce contexte, les fortunes des transporteurs sont diverses. "L’aérien enregistre un nouveau record avec un total de 2,7 millions de passagers, soit + 1,4 % et 37 000 passagers supplémentaires. En revanche, avec 2,8 millions de passagers, le maritime accuse une baisse de 4,5 %, l’équivalent de 130 000 passagers en moins", constate Marie-Antoinette Maupertuis.
Une évolution qui porte la marque de la continuité. "Le scénario depuis 2018 est celui d’un transport aérien qui dépasse le maritime. Ce qui a un impact fort sur certaines microrégions, à l’image de la Balagne. Le port de L’Île-Rousse a vu le nombre de rotations diminuer sensiblement", commente-t-elle.

Hébergement

Tout au long des semaines écoulées, la Corse a aussi accru son attractivité internationale. La preuve. "La part des clientèles étrangères en général, suisse et belge en particulier, a augmenté. Les Allemands reviennent aussi. Sans surprise, nous constatons, par anticipation du Brexit, un repli très net des Britanniques. Les pays d’Europe du Nord sont moins représentés, ce qui demande à être analysé", ajoute la présidente de l’ATC. L’hébergement touristique offre, pour sa part, un tableau contrasté. "D’après les données Insee, il semble que les établissements qui intègrent différents services tirent mieux leur épingle du jeu que les structures qui ne proposent qu’un hébergement. Quoi qu’il en soit, comparé à 2018, nous observons en juillet et en août, une diminution respectivement de 3,6 % et de 1 % du nombre de nuitées dans l’hôtellerie. La chute est très marquée au mois de mai, de l’ordre de
-8,9 %"
, observe-t-elle. Force est de constater que l’ambiance est morose au camping surtout si celui-ci ne propose que des"emplacements nus". Ralentissement de l’activité encore pour Gîtes de France Corse, avec en moyenne deux semaines de location en moins. Tous accusent le coup face à Airbnb, Abritel et autres plateformes en ligne. "L’offre dans ce domaine est très importante. S’agissant de Airbnb, elle a augmenté de 20 % entre 2018 et 2019 pour atteindre, selon les estimations 35 000 lits pour les villes", ajoute-t-elle. Pour autant, les fondamentaux restent solides. " Au global nous totalisons 30 millions de nuitées. Ce qui nous place à un niveau inférieur à celui de 2018 mais équivalent à 2017", remarque la présidente.
En parallèle, elle a bien entendu le message d’inquiétude qui émane des professionnels insulaires. Car les facteurs de risque ne manquent pas. Ils intègrent, selon la responsable, un contexte national caractérisé, entre autres, par l’absence de ponts au mois mai, la mauvaise météo d’avant saison, le mouvement des Gilets Jaunes, "lorsque 75 % de notre clientèle est française". En juin et juillet, la canicule pousse à déserter le littoral méridional et à aller chercher la fraîcheur en Bretagne ou en montagne. La concurrence touristique internationale bat son plein aussi, tandis que les touristes sont de plus en plus adeptes de la réservation de dernière minute pour le transport et l’hébergement. Une fois dans l’île, ils seront confrontés, en plus, à une offre de restauration pléthorique. Soit 3,4 % de restaurants de plus en 4 ans, 22 % d’établissements de restauration rapide et 45,35 % de traiteurs. Sans compter un marché du tourisme, très mouvant, par définition.

La qualité et non la quantité

"Le soleil et la plage ne suffisent plus", insiste Marie-Antoinette Maupertuis. Cette conviction l’a poussée depuis 3 ans "à accompagner sur chaque territoire touristique la nécessaire transition du tourisme corse". La stratégie mise en œuvre fait appel à la diversification des secteurs - tourisme d’affaires, tourisme vert ou patrimonial - au rééquilibrage des flux entre le littoral et l’intérieur, grâce au GT20 ou grande traversée à vélo. On passe à l’offensive à travers des campagnes de promotion exceptionnelles, des programmes européens, des opérations de réhabilitation du patrimoine. "Par exemple, avec France ingénierie tourisme, Atout France et la Banque des territoires, nous travaillons à la mise en valeur du château de la Punta, de la citadelle de Corte, de la caserne Montlaur, du couvent Saint-François de Bastia", indique la présidente.
Dans le même élan, on "garde le cap de la transition écologique et numérique du tourisme" et on poursuit des objectifs qualitatifs. "Une véritable économie touristique s’organise autour de touristes prêts à payer pour des contenus et des activités différenciées, sur plusieurs mois de l’année et non sur la quantité de touristes."

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