I salini di Portivechju, site naturel et patrimonial @CorseMatin

La journée mondiale des zones humides a été l’occasion de (re)découvrir ce site exceptionnel au fil d’une balade ornithologique et patrimoniale proposée par l’office de tourisme de Porto-Vecchio et le Parc naturel régional

La ville de Porto-Vecchio leur doit son surnom de cité du sel. Son identité reste encore intimement liée à ces marais salants, i salini, visibles depuis la haute ville, qui s’étendent sur près de 10 hectares entre le golfe de Porto-Vecchio et l’estuaire du Stabiacciu.
Les anciens ont bien connu cette époque où l’or blanc faisait vivre et travailler de nombreuses familles de la région. Depuis l’arrêt de la production au début des années 2000, la nature a petit à petit repris ses droits sur ce site où s’épanouit désormais une riche biodiversité.
Cet espace patrimonial et naturel exceptionnel fait aujourd’hui le bonheur des promeneurs, des sportifs, des photographes et des amateurs d’ornithologie. Les bassins en carreaux, qui permettaient autrefois de récolter près de 900 kg de sel par an, sont devenus des lieux de vie pour de nombreuses espèces d’oiseaux marins et migrateurs qui y cohabitent paisiblement.
L’hiver est d’ailleurs une période particulièrement propice pour les observer dans toute leur diversité, tout en s’imprégnant de ce lieu chargé d’histoire.

La mémoire des Porto-Vecchiais

À l’occasion de la journée mondiale des zones humides, l’office de tourisme de Porto-Vecchio s’est associé au parc naturel régional de la Corse pour proposer aux scolaires et au grand public deux journées à la découverte de ce patrimoine unique, qui reste néanmoins un espace privé. Si les salines sont aujourd’hui accessibles à tous, le respect du site doit rester un souci collectif, comme le rappelait Nela Nino, guide-conférencière en charge de la partie historique de cette visite. "J’en appelle à la conscience et au civisme des Porto-Vecchiais et des visiteurs, car ce lieu, qui n’est pas à l’abandon mais en "stand-by", c’est la mémoire de Porto-Vecchio."
Une mémoire qu’elle a ravivée pendant plus de deux heures de balade le long des canaux (d’une longueur totale de 96 kilomètres !) et des vasières. Grâce au récit imagé de Nela, le public a pu s’imaginer le dur labeur des sauniers qui récoltaient le sel l’été sous un soleil de plomb. Ils ont pu découvrir aussi quelques vestiges de ce labeur : les traces des rails en fer qui servaient à transporter le sel dans les wagons vers l’abri de stockage aujourd’hui en ruines, ou encore un ancien système de pompage. "Un tiers de la production de sel en Corse était produit à Porto-Vecchio. C’était un sel très recherché à l’époque pour sa qualité et son fort pouvoir salant, plus élevé que la moyenne. Il servait essentiellement au salage des routes, pour la charcuterie et la conservation de la nourriture", rappelle la guide.
À ses côtés, Jérôme Franchi, agent du Parc naturel régional de Corse, s’est attaché à présenter les différentes espèces d’oiseaux présentes sur le site.

Paradis des oiseaux marins et migrateurs

Ce samedi matin, la météo était de la partie pour des conditions idéales d’observation. La présence d’une colonie de flamants roses a immédiatement retenu l’attention de la vingtaine de participants qui a profité du spectacle de l’envol groupé de ces majestueux échassiers qui avaient revêtu leur plus beau plumage rose pour l’occasion. "Il y a une vingtaine d’années, les flamants roses n’étaient pas du tout présents en Corse, il n’existait d’ailleurs pas de nom en langue corse pour les désigner.
"Aujourd’hui, ils sont plus ou moins sédentarisés, c’est pour cela qu’on les voit de plus en plus souvent dans notre région", souligne Jérôme Franchi.
Également en vedette ce jour-là, le héron cendré et la grande aigrette, rejoints par un cormoran et quelques mouettes.
Tout ce beau monde se partage cet espace devenu un véritable sanctuaire pour les oiseaux. "S’ils s’y sentent bien, c’est aussi qu’ils trouvent de quoi se nourrir", constate l’agent du PNCR.
Parmi les autres espèces, il n’est pas rare d’observer aux salines des échasses blanches, des chevaliers, des bécasseaux, des bergeron-nettes et même un couple de martins-pêcheurs...
Les marais salants de Porto-Vecchio jouxtent la zone Natura 2000 et Znieff (zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floris-tique) de l’estuaire du Stabiacciu, ce qui explique aussi cette riche biodiversité. Malheureusement, l’absence de mesures de protection expose l’ensemble de cet espace, entre l’estuaire et les marais, à un incivisme récurrent et particulièrement nuisible pour cet écosystème fragile.
Nombreux sont ceux qui rêvent un jour de voir ce site exceptionnel protégé et valorisé. Certains y verraient bien un centre d’interprétation et d’observation des oiseaux, d’autres un parcours patrimonial ou un parcours santé, ou pourquoi pas les trois.
La balle est dans le camp des propriétaires...
NADIA AMAR

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