Tourisme, le temps des inconnues @CorseMatin

Alors que l’avant-saison est déjà condamnée, qu’en sera-t-il du mois de juillet, d’août et de septembre ? 
Au cours de la réunion téléphonique d’hier, la fermeture totale de certains établissements a même été avancée.
JEAN-PIERRE BELZIT
Fin du confinement, rétablissement du transport aérien, ouverture des établissements, soutien bancaire au secteur… Une trentaine de professionnels du tourisme, le président de l’Exécutif et celle de l’ATC ont échangé avec le préfet. Le principe d’une cellule de crise acté
Deux heures trente de discussions et d’échanges. C’est le temps qui a permis, hier, à la trentaine de professionnels du tourisme, de responsables institutionnels et d’élus de poser sur la table la problématique de la saison touristique 2020 qui s’accompagne, tous se l’accordent, de son lot d’incertitudes. Cette réunion qui s’est déroulée en audio conférence, confinement oblige, a été pilotée par le préfet de région Franck Robine, qui a souhaité faire preuve de transparence face aux enjeux. Le président de l’Exécutif Gilles Simeoni, la présidente de l’ATC Nanette Maupertuis, mais également les élus consulaires et les délégués des syndicats professionnels de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih) comme de la Fédération nationale de l’hôtellerie de plein air ont tous participé à ce rendez-vous afin de délivrer, tour à tour, leurs inquiétudes mais également leur volonté d’avoir pleine connaissance de la situation pour la gérer autant que possible.

L’heure n’est pas « aux faux espoirs »

Alors que l’avant-saison est déjà condamnée, qu’en serat-il du mois de juillet, d’août et de septembre ? Des mesures barrières seront-elles encore nécessaires après la pause du confinement pour faire face à l’épidémie ? L’hyper dépendance de l’île au tourisme et aux transports la fragilisera-t-elle davantage que les autres destinations balnéaires continentales ? Ces professionnels en sont persuadés. Cette particularité insulaire a naturellement été évoquée et semble avoir été entendue hier par le représentant de l’État.
« Ces échanges ont été très constructifs, il y a une réelle volonté d’agir et le préfet s’est d’ailleurs montré très impliqué et soucieux d’efficacité », a confié à la sortie de la réunion Jean-Noël Marcellesi, le président du Cercle des grandes maisons corses qui avait défendu le principe de l’installation d’une cellule de crise dédiée aux professionnels de tourisme. Si hier il n’a pas été établi la fréquence des prochaines réunions, à l’évidence le parti adopté est de maintenir le dialogue, de faire remonter les informations tout en évitant « de faire naître de faux espoirs ».
À ce jour, et c’est ce qui a été rappelé, nul ne sait les critères de déconfinement qui seront retenus, ni même la date à laquelle il interviendrait. Sur ce point non plus, les professionnels n’ont pas l’avantage pour préparer un plan « été 2020 ». Au cours des discussions, la fermeture totale de certains établissements a même été avancée. Et pour cause, la grande inconnue demeure la desserte aérienne et l’ouverture des frontières. Autres questions : le littoral sera-t-il accessible et les vitres de protection rendues obligatoires devant les réceptions des hôtels et les caisses des restaurants ? Quel que soit le scénario imaginé, l’optimisme n’est pas d’actualité. Jean-Noël Marcellesi est de ceux qui louent le « défi de l’ouverture » même dégradée car selon lui, « les conséquences d’une fermeture pure et simple engendreraient des pertes considérables en réaction. Prendre le risque de fermer, c’est créer davantage de dommages à tous ceux qui travaillent en aval et en amont de nos établissements. »
Mais pour résister, encore faut-il avoir les moyens et les outils à portée.

Lettre adressée au Premier ministre

Dans cette logique, des consultations régulières seront donc organisées au fil du confinement entre les différents acteurs du monde économique afin d’établir une stratégie commune.
Si Gilles Simeoni reconnaît les multiples inconnues qui demeurent sur la situation post-Covid 19, il sait « qu’avec 24 % du PIB de l’île lié au tourisme contre 7 % sur le plan national, les chiffres parlent d’eux-mêmes ». Dans ce sens, le président de l’Exécutif a écrit au Premier ministre Édouard Philippe, avec copie au secrétaire d’État Jean-Baptiste Lemoyne, afin de rappeler la spécificité corse.
Par ailleurs, il a acté l’installation de la cellule avec la participation de tous les acteurs, avec à la clef un suivi particulier et le rappel des mesures déjà prises.
Pour sa part, Nanette Maupertuis, la présidente de l’ATC, estime que « pour affronter une crise aussi forte que celle qui s’annonce dans le domaine du tourisme, il convient que tous les acteurs soient solidaires et coordonnés pour d’abord définir les différents scénarii qui aujourd’hui sont suspendus à l’évolution de l’épidémie ». Puis, dans un second temps, elle évoque la nécessité de « mettre en place des mesures adaptées pour sauver l’appareil productif et les emplois et attirer les clientèles ».
D’autres mesures seront prochainement déclinées par l’Agence de tourisme de la Corse au regard des prochaines informations. Certaines sont toutefois attendues sur le plan fiscal pour permettre, si les conditions sanitaires étaient réunies, d’ouvrir sans perte et fracas.
Dans la foulée, une conférence bancaire pourrait être organisée avec l’État et la région pour inciter chacun à jouer son rôle dans l’accompagnement des chefs d’entreprise du tourisme qui s’acheminent vers de grandes difficultés. C’est bien le seul point qui est pour l’heure acquis !

JULIE QUILICI-ORLANDI

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