La fréquentation touristique chute de moitié en juillet @CorseMatin

 À mi-parcours de la saison, le premier bilan touristique dressé par l’agence de tourisme de la Corse (ATC) est moins inquiétant que prévu, même si tous les indicateurs restent bien en dessous des niveaux observés les années précédentes

Le nombre de passagers aériens a diminué de 25 %. - JEAN-PIERRE BELZIT

La moitié de la saison estivale 2020 est passée. L’heure des chiffrages et des premiers bilans a sonné pour l’agence du tourisme de la Corse (ATC).

Et, pour l’heure, tous les indicateurs sont bien en dessous de leur niveau de 2019. Ainsi, à la fin du mois de juillet, le nombre de passagers aériens enregistre une baisse de 25 % par rapport à l’année dernière à la même période. Le maritime a suivi un chemin analogue. Soit 30 % de personnes transportées en moins. Fait rassurant, toutefois, l’activité a connu un net regain dans un laps de temps bref. Le système de compensation a fonctionné, pour partie au moins. « Au mois de juin, nous étions à - 80 % dans l’aérien et à - 70 % dans le maritime. Aujourd’hui, la situation est tout autre. Le rattrapage s’est fait de manière importante la dernière quinzaine de juillet », analyse Marie-Antoinette Maupertuis, présidente de l’ATC.

Sans surprise, le choc sanitaire a pesé lourd sur les hébergements touristiques. Hôtels, campings, gîtes ont tourné au ralenti. Tout au long des semaines estivales écoulées, on ne manquait pas de place, quelle que soit la formule choisie. « Dans ce secteur, le taux de remplissage se situe, en moyenne, entre 40 % et 60 %. En revanche, dans les gîtes, nous sommes carrément à 60 % d’occupation. Toujours dans les gîtes, août devrait connaître une légère progression et septembre est pratiquement au même niveau que 2019 », résume-t-elle.

Les campings à 20 % de leur capacité

Ces constats ne valent pas pour les campings insulaires, à l’évidence plus chahutés que les autres établissements par le contexte. On ne fait pas le plein comme les saisons précédentes. Loin de là.

Entre les chalets, les tentes et autres mobiles homes, l’activité qui s’est considérablement restreinte peine à redémarrer. La preuve par un taux d’occupation qui s’établit à 20 %, assorti d’une perte de chiffre d’affaires de l’ordre de 30 à 50 %.

Toutes les données recueillies permettent d’ores et déjà d’esquisser une perspective globale aussi. « Même s’il est difficile de dégager un chiffre précis, nous évaluons la baisse de fréquentation à 50 %. Ce qui était, somme toute, très prévisible », commente la présidente.

La « saison blanche » et la casse majeure ont été évitées. « Le scénario catastrophe, qui avait un temps été envisagé, ne s’est pas produit. Bien entendu, nous n’atteignons pas les niveaux que nous avons connus jusque-là », s’accordent à reconnaître les acteurs de terrain.

Tous entretiennent l’espoir de lendemains meilleurs à condition que l’aléa sanitaire ne vienne pas perturber la donne. Cet état d’esprit trouve son origine dans le ressenti.

De l’avis commun, les touristes, au mois d’août, sont un peu plus nombreux au rendez-vous. On relève, désormais, « une légère progression » avec en plus des taux de fréquentation revus à la hausse. « Même si cette évolution témoigne toujours du ralentissement du secteur », avertit-on.

De l’avis de Marie-Antoinette Maupertuis aussi, « septembre pousse à l’optimisme ». Les appréciations par anticipation semblent confirmer la tendance générale. « À ce stade de l’été, les chiffres sont plutôt pas mal. Nous atteignons à peu près les mêmes niveaux qu’en 2019, à 10 % près », relèvent certains observateurs.

Des espoirs d’arrière-saison

Il convient toutefois de fixer quelques limites à la satisfaction suscitée. Car, dans tous les cas, en plus de l’incertitude ambiante, il sera aussi difficile de panser les plaies laissées par la crise. Parmi celles-ci, le manque à gagner d’un milliard d’euros lié au confinement, un tissu économique local affaibli. Ne serait-ce que parce que le tourisme, de façon mécanique, chamboule différents secteurs. Un puissant effet domino se fait sentir sur, entre autres, les autocaristes, les producteurs, les artisans, le commerce.

À cela s’ajoute la faiblesse démographique de la Corse, l’étroitesse du marché intérieur, l’absence de groupes touristiques, par définition, plus robustes face à la crise que les PME et les TPE insulaires. Autant de paramètres qui doivent conduire la destination à se réinventer pour « aller de l’avant », aux dires de l’ATC. « Sur ce point, la stratégie repose sur le court et le moyen terme », insiste la présidente. D’ores et déjà, le modèle fait appel au tourisme social, à la découverte ou à la redécouverte du territoire par ses habitants, ainsi qu’à une promotion accrue de la destination, à grand renfort de blogueurs et d’influenceurs, au-delà des traditionnelles campagnes de communication.

Le changement à l’œuvre se concrétise à travers la mise en place de nouveaux circuits patrimoniaux et itinéraires de découverte. Dans le même mouvement, il a consisté à donner un sens cyclotouristique au territoire, à favoriser des mécanismes d’action collective, à l’image du comité de suivi de l’activité touristique piloté par l’ATC. On avait, d’ores et déjà, commencé à construire tous ensemble un tourisme hors saison. Une autre piste est privilégiée dans cette période d’après-Covid, l’exonération totale de charge pour les entreprises touristiques. La demande, formulée par l’ATC et les professionnels concernés, est soutenue par les parlementaires nationalistes. Au gouvernement de trancher.

VÉRONIQUE EMMANUELLI

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