« Nous nous attendons à une baisse de 50 % du trafic » @CorseMatin

 

Les transporteurs et travailleurs frontaliers ne sont pas concernés par les nouvelles mesures de restriction adoptées par l’Italie.
PHOTO CHRISTIAN BUFFA

Alors que le rebond de l’épidémie se fait sentir en Europe, l’Italie demande désormais des tests négatifs aux voyageurs venus de différentes régions, dont la Corse. Après un redémarrage en août, compagnies maritimes et professionnels du tourisme attendent un nouveau repli

Premier pays européen frappé par l’épidémie Covid l’hiver dernier, l’Italie met en place de nouvelles mesures de restriction face au rebond. Ce lundi, le ministre de la Santé italien, Roberto Sperenza, a ainsi annoncé l’obligation pour les voyageurs venant de différentes régions, de présenter un test Covid négatif : « J’ai signé un nouveau décret qui étend l’obligation de tests moléculaires et antigéniques aux citoyens de Paris et d’autres régions françaises » a-t-il déclaré sur le réseau social Twitter. La Corse fait partie de ces régions.

Si la mesure peut paraître fortement restrictive, dans les faits, son application est plus souple. En effet, le décret émane d’un pays étranger, et les compagnies maritimes n’ont guère de pouvoir de police. Ce n’est donc pas directement un test que les voyageurs doivent présenter, mais une attestation sur l’honneur stipulant qu’ils ont bien fait ledit test moins de 72 heures avant le départ, et que celui-ci s’est révélé négatif. Dans le cas où la personne n’aurait pas effectué le test, elle doit produire une attestation où elle s’engage à le faire dans les 48 heures suivant son arrivée sur le sol italien, et à s’isoler le temps d’avoir les résultats.

« Nous ne sommes pas habilités à demander aux passagers de présenter les résultats de leurs tests, commente Pierre Mattei, président de la Corsica Ferries, le texte demande de présenter une attestation stipulant que le test a été pratiqué il y a moins de 72 heures et qu’il est négatif. Nous avons reçu le décret lundi après-midi, et avons informé nos clients dès mardi matin. »

Des exceptions pour les professionnels

Des exceptions sont toutefois prévues pour les travailleurs frontaliers, dont font partie les transporteurs : « Pour les professionnels, cela ne s’applique pas, puisqu’en général les transporteurs restent moins de 120 heures sur place », précise Pierre Mattei Ces restrictions auront donc un impact certain sur le trafic maritime entre la Corse et l’Italie : « Cela va avoir des conséquences très négatives. On a vu ce qu’il s’est passé en Sardaigne, où les tests ont été rendus obligatoires, y compris pour ceux qui venaient du continent italien, même si ensuite le tribunal administratif a annulé certaines dispositions. Pendant la période où cela a été en vigueur, nous avons eu une très forte chute sur le trafic Sardaigne-Italie, de l’ordre de 50 %. Nous nous attendons à la même baisse pour la Corse, car quand les clients voient des restrictions qui les concernent, ils préfèrent reporter. »

Mais les compagnies maritimes ne seront pas les seules impactées par le décret italien. L’industrie touristique, qui avait réussi à redémarrer à la faveur du mois d’août et d’un bon début septembre, voit ce décret signer un coup d’arrêt pour la saison : « C’est une catastrophe, tous les jours il nous en arrive une nouvelle, s’exclame Karina Goffi, présidente de l’Umih de Haute-Corse, nous perdons déjà beaucoup d’argent, tous secteurs confondus, pour nous comme pour nos prestataires. »

Coup de grâce pour le secteur touristique

Plombés par une avant-saison perdue, les professionnels du tourisme voient ces nouvelles restrictions s’ajouter à celles déjà prises au niveau local pour les bars et restaurants.

Un coup de grâce : « Nous avons déjà des annulations individuelles. Pour ma part, et comme pour tous les hôteliers qui m’ont contactée, nous avons décidé de fermer plus tôt, fin septembre au lieu de fin octobre. Nous n’avons pas ou peu de personnel, les annulations s’enchaînent, ce n’est pas tenable. Nous avons demandé des mesures d’urgence, mais rien n’a été fait en local. Les taxes de séjour, par exemple, sont encore comptées au forfait et non au réel comme nous l’avions demandé.

Ce sont des mesures qui peuvent être prises immédiatement et localement, en attendant d’en savoir plus sur le plan de relance », analyse l’hôtelière.

Si l’année blanche a été évitée en 2020, la survie de nombre d’établissements dépendra de la reprise en 2021.

Mais, quoi qu’il en soit, les dégâts sont là : « Certains ne s’en relèveront pas, surtout les petites structures où celles qui ne sont pas là depuis longtemps. Je me demande si les politiques sont conscients de ce qui est en train de se passer », conclut-elle.

Dès lors, concernant ces établissements, il s’agira de ne pas confondre survie et lente agonie.

ISABELLE LANÇON-PAOLI

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