Le « CDI 4 saisons » expérimenté à partir de cet été @CorseMatin

Le dispositif s’adresse aux travailleurs saisonniers du secteur touristique et aux entreprises volontaires. Construit sur le modèle du CDI intermittent, il comprend 8 mois d’activité, une période de congés ainsi qu’un volet formation. Une contribution à l’attractivité de certains métiers

Après la Corse île laboratoire politique dans les années 1990, la Corse terrain d’expérimentation sanitaire avec l’appli tous anti-Covid mais aussi sociale en 2021.

Et, s’agissant de ce dernier point, c’est le contrat à durée indéterminée, le « CDI 4 saisons »comprenant 8 mois d’activité, les congés et une séquence formation, qui fait l’innovation dès cet été. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État en charge du tourisme, et Jacqueline Gourault, ministre de la Cohésion des territoires, lors de leur récente visite en Corse, ont relevé le pari de « tester les conditions d’une annualisation du temps de travail pour les saisonniers dans les entreprises volontaires sur la base du CDI intermittent », selon les termes du secrétaire d’État.

Au-delà de l’annonce officielle, l’entrée en vigueur de la mesure novatrice marque l’aboutissement d’un processus de concertation de longue date. Le CDI pour les travailleurs saisonniers est une idée tenace affirmée par différents socioprofessionnels, notamment le Cercle des grandes maisons et l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih). Dorénavant, il est inscrit au titre des mesures phares de la feuille de route territoriale du tourisme, autrement dit « l’illustration d’une ‘’vision partagée’’ et d’un travail de co-construction qui a duré près d’un an », comme l’a souligné lors de la dernière session de l’Assemblée de Corse, Marie-Antoinette Maupertuis, présidente de l’agence du tourisme de la Corse - ATC.

Dans le champ de réflexion ouvert, tout au long des mois écoulés, les partenaires insulaires ont fait figurer « 6 735 travailleurs saisonniers réguliers et plus du double d’emplois saisonniers proposés au total ».

Marie-Antoinette Maupertuis, conseillère exécutive, présidente de l’ATC, a placé l’accent dans l’hémicycle sur l’acquisition de compétences à travers un cursus de formation. EMILIE RAGUZ

« Gagnant-gagnant »

Le nouveau contrat pourrait renforcer l’attractivité des métiers de service.
FLORENT SELVINI

Les repères chiffrés seront mis en perspective avec le problème qu’entretient cette temporalité. Les professionnels du secteur et les acteurs institutionnels partagent le même point de vue. « La saisonnalité peut représenter un frein au moment d’embrasser une carrière dans les métiers de service aux touristes. D’ailleurs, la commission paritaire sociale des cafés, hôtels, restaurants - CHR
- de Corse, où siègent syndicats de salariés et d’employeurs, en a fait un de ses sujets prioritaire
s », relève-t-on. En parallèle, les cursus de formation ont aussi retenu l’attention. « Les formations en tourisme, même si elles existent un peu partout en Corse, ne suffisent pas à couvrir les besoins identifiés », constate l’ATC.

Ces paramètres, au final, coïncident avec une pénurie récurrente de main-d’œuvre. Selon les estimations réalisées, on recherche en moyenne 8 000 salariés saisonniers.

Dans ce contexte, la présidente de l’ATC considère le « CDI 4 saisons » comme une manière de s’engager sur la voie du progrès. « Il s’agit d’un jeu à somme positive. C’est un contrat gagnant-gagnant. Ainsi, l’entreprise peut fidéliser le salarié tandis qu’en contrepoint le salarié se verra sécurisé dans son parcours professionnel. Mieux encore, il pourra se former », a-t-elle déclaré devant l’Assemblée de Corse.

La construction sera méthodique. « L’idée à terme est de créer un ‘’bouquet de services’’ entre les demandeurs d’emploi et les entreprises touristiques », poursuit-elle.

En plus du contrat de travail pérenne, d’autres enjeux d’avenir sur le front de l’emploi touristique renvoient à la « valorisation de l’alternance et de l’apprentissage », à la nécessité « d’intéresser enfin les jeunes en matière de métiers du tourisme ».

De l’avis de Marie-Antoinette Maupertuis, « le concept d’école du tourisme qui figure dans les feuilles de route de l’exécutif territorial, sous la houlette de la direction de la formation et de l’ATC, peut contribuer à l’image des métiers et apporter une partie de la réponse ».

Elle lie, de façon étroite, ces considérations à l’affirmation d’un rôle stratégique de l’ATC « qui consiste à développer une image attractive de la destination bien au-delà de la seule saison d’été ».

Sur fond de relance désormais, assurée par « le soutien à l’investissement et la sauvegarde du tissu productifla sauvegarde des emplois et la formation et la montée en compétences » ainsi que par « la préservation de l’offre et la lutte contre le paracommercialisme,la différenciation de la destination ».

VÉRONIQUE EMMANUELLI


LE CHIFFRE

60

C’est le pourcentage de saisonniers non-résidents, tous secteurs touristiques confondus, chaque année dans l’île. Selon une étude réalisée conjointement par l’Assemblée de Corse et l’ATC, 36 % des saisonniers qui exercent au plan local sont des étudiants. 35 % sont des chômeurs.

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